(Re)prendre la main sur votre stratégie data & ERP ?

Voilà un vieux serpent de mer, sur lequel nous écrivions déjà des billets d’humeur il y a une dizaine d’années… Alors exploiter pleinement les possibilités de son ERP et ses data est-il un vœu pieux, sorte de rocher de Sisyphe du DSI ? Les métiers ne feraient-ils pas mieux d’accepter leur triste sort, fait de retraitement Excel manuel pour piloter son activité, de fonctionnalités incomplètes que les montées de version ne corrigent pas toujours ou d’âpres négociations en Codir pour valider le déploiement d’un outil tiers…?
Nous pensons que non ! Et nous allons vous expliquer ici pourquoi c’est le bon moment pour prendre le temps de poser sa stratégie data & ERP et de (re)prendre la main !

Un peu d’histoire et de contexte

Ces 30 dernières années, les systèmes d’information des bailleurs sociaux se sont tous construits autour d’un ERP central, développé spécifiquement pour répondre aux besoins et particularités du secteur et s’enrichissant fonctionnellement au fil du développement de nouveaux modules. Ce modèle, assez unique vu de l’extérieur, a permis de développer des outils répondant à la majorité des besoins des bailleurs – particulièrement en matière de conformité réglementaire. Mais il a aussi progressivement :

  • renforcé la situation du quasi duopole de Sopra & Aareon, les deux principaux éditeurs qui se partagent 80 à 90% du marché – qu’ACG-Synergie et Scepia viennent compléter. Les quelques bailleurs fonctionnant encore sur des outils développés spécifiquement se comptent eux sur les doigts d’une main !
  • et par là même, accru le niveau de dépendance des bailleurs sociaux à un ERP dont le périmètre s’est progressivement élargi (extranets, mobilité, …) et la capacité d’interfaçage avec des outils tiers compliquée

Ces dernières années, ce modèle historique a montré ses limites et des alternatives sont en construction :

  • Côté éditeur d’ERP : sous diverses formes, les éditeurs d’ERP ont lancé ces derniers mois des projets ambitieux et d’ampleur de modernisation technique et fonctionnelle des ERP (passage en saas, fusion de gamme PIH et PRH pour Aareon, automatisation des process via l’IA, refonte de l’ergonomie, …) – témoignant ainsi de leur volonté de renouveler en profondeur l’offre produit
  • Côté bailleur : la construction progressive d’un Système d’Information type « best of breed » s’appuyant sur des solutions spécifiques à tel ou tel métier et s’interfaçant, si possible, à l’ERP. Ce mouvement a d’abord été poussé par les métiers, par le besoin de déployer des solutions plus performantes et ergonomiques, particulièrement en matière de demande de logement, de relation client, de gestion technique du patrimoine, de suivi d’opération ou de décisionnel… et revient à progressivement restreindre l’ERP à ses activités dites « régaliennes ».
  • Plus récemment, certains bailleurs plus « avant-gardistes » se sont engagés dans des démarches d’urbanisation plus structurantes, avec le déploiement de middleware/MdM à même de reprendre la main sur son modèle de donnée, de faciliter l’interconnexion d’outils tiers et à terme d’avoir une alternative opérante à la nécessaire centralité de l’ERP. Ainsi, les bases prospects, client ou patrimoine peuvent être structurées et administrés dans ces outils

Quelles perspectives d’évolution pour les bailleurs ?

Les systèmes d’informations des bailleurs doivent et vont profondément évoluer ces prochaines années pour répondre aux défis et enjeux des bailleurs sociaux. On peut particulièrement citer les besoins suivants, que les outils actuels ne traitent que partiellement :

  • Le besoin de sortir d’un prisme « logement social » et de se positionner sur l’ensemble de la chaine de valeur immobilière : aménager le territoire ; construire et commercialiser tout type de patrimoine (commerce, EPHAD, gendarmerie, foyers, écoles…) et dans tout type de montage (BRS, LLI, Copro,…) ; proposer une offre complète de services aux occupants ; …
  • Le besoin de connaitre et piloter très finement ses actifs immobiliers, et plus largement son foncier (bâti et non-bâti), face aux enjeux d’atténuation et d’adaptation aux dérèglements climatiques et aux différentes réglementations
  • Le besoin d’adapter son offre de service et sa relation client aux différents types de publics logés
  • Le besoin de proposer un parcours utilisateur :
    homogène, intuitif et facile à déployer – notamment en réponse à un turnover interne plus important
    automatisant au maximum les tâches répétitives – notamment en s’appuyant sur le potentiel de l’intelligence artificielle
  • Le besoin de reprendre la main sur la data – comme vecteur d’autonomie et de création de valeur par le développement de projets centrés sur le besoin métier
  • Le besoin accru de sécurité des Systèmes d’Information, dans un monde où le risque cyber s’accroit fortement

La réponse à ces besoins se décide, s’organise et se pilote projet par projet, en lien avec la stratégie numérique / le schéma directeur des SI et la gouvernance SI mise en place (comité numérique, revue de projet, remontée et priorisation des besoins…). Mais le contexte actuel oblige, à notre sens, à également inscrire cette trajectoire de transformation numérique dans une stratégie « data & ERP » de long-terme, claire et partagée avec le CODIR.

Cette stratégie conditionne en effet pour beaucoup la nature des projets à engager et les modalités de réponse à un besoin métier. Pour simplifier, cette stratégie « data & ERP » consiste à se positionner entre deux extrêmes – la solution se trouvant, comme souvent, quelque part entre les deux :

I – Construire un SI « ERP centré », et soutenir pleinement la démarche de « ré-invention » engagée par votre éditeur : construire sa cartographie applicative autour de cet ERP « nouvelle génération » et quelques périphériques métiers complémentaires ; s’organiser en interne pour maximiser les gains fonctionnels et opérationnels que permettront les nouveaux développements ; être force de proposition et participer aux développements

II – Construire un SI « data centré », structuré autour de bases de données indépendantes de l’ERP actuel – particulièrement pour les bases client et patrimoine ; déployer des outils spécialisés et structurant la réponse aux besoins des métiers (CRM pour la relation client ; SI-GTP pour l’entretien du patrimoine ; SI d’opération pour le développement ; …) dont l’ERP (actuel ou nouvelle génération) continuera à faire partie (gestion locative, gestion des dépenses, comptabilisation, …)

Comment s’y prendre ?

Pour prendre la bonne décision, qui engagera la trajectoire d’évolution de votre SI pour les 10 à 15 prochaines années, il nous semble important de ne pas s’enfermer dans une réflexion uniquement technique et financière, pour prendre en compte aussi et avant tout :

  • le projet stratégique de l’organisme, afin que votre trajectoire numérique s’y aligne et permette sa mise en œuvre
  • les besoins d’évolution exprimés par les métiers, afin que votre trajectoire numérique puisse y répondre au mieux
  • les capacités du marché, via un benchmark complet des différents outils et solutions SI disponibles (ou en développement)
  • vos capacités, humaines – financières – techniques, à déployer opérationnellement votre projet et à l’ajuster voire le ré-orienter au fil de l’eau

Dès lors, le travail de définition de votre trajectoire numérique et du positionnement de votre ERP doit être travaillé collectivement (a minima avec le CODIR) et être l’occasion de lancer une dynamique collective de changement.

Notre proposition de valeur, en 3 points :

1 – Le croisement d’expertises stratégiques & métiers (Aatiko) et data & urbanisation (Aatiko et ses partenaires spécialisés).

2 – Une démarche d’accompagnement progressive et modulaire, selon votre maturité et point d’entrée dans le sujet. Nous ne venons pas plaquer une démarche type, mais bien construire des scénarios spécifiques à votre organisme.

3 – Un club « data & OLS » dédié aux bailleurs sociaux, que nous lançons avec PwC et l’association DAMA France (Data Management Association) pour partager retours d’expérience et d’expertises.

On en discute ?

Pierre-Louis ROUSSEL

DG délégué. Spécialisé en "Stratégie numérique & digitalisation des métiers"

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