DSI – La grande mutation

Pour comprendre la place qu’une organisation accorde à son Système d’Information, nous aimons interroger directement les utilisateurs, plutôt que la DSI elle-même. Qu’entend-on alors ?
Des retours qui tournent autour des outils : l’ERP est trop compliqué, je ne sais pas où se trouve l’information, ni si elle est fiable… au final, je préfère Excel, je m’y retrouve mieux ! Nos outils sont-ils mieux ou moins bien que chez les autres bailleurs ?
O
u variante, des retours qui tournent autour de la satisfaction utilisateurs : franchement, c’est celui qui crie le plus fort qui passe en premier ! J’ai trouvé un superbe outil au congrès, et la DSI n’a toujours pas été fichue d’organiser son installation !

Ces deux exemples renvoient au positionnement – un brin caricatural, j’en conviens – des DSI chez les bailleurs sociaux ces 10 dernières années. D’un côté, passer des marchés et veiller (tant bien que mal) au respect du cahier des charges par l’éditeur ; de l’autre, jongler avec les priorités et contradictions d’utilisateurs se complaisant dans une posture de consommateurs.

Pour autant, nous entendons depuis quelques années des DSI jouer une autre partition et affirmer un nouveau positionnement :
Une DSI pilote de son socle technique, avec pour mission fondamentale de garantir (i) sa sécurité, (ii) l’intégrité des data qu’il embarque et (iii) sa capacité à intégrer facilement les outils saas souhaités par les métiers, par exemple par l’arrimage d’ESB, de plateforme de données ou l’API-ification de l’ERP…
U
ne DSI animatrice des transformations, avec pour mission fondamentale de susciter l’innovation métiers – écouter / proposer / expérimenter – puis de conduire les changements qu’elle implique – penser / outiller / accompagner les évolutions de process et RH pour que les transformations s’inscrivent dans la durée.
A
u croisement de ces deux dimensions, une DSI stratège, capable d’anticiper la façon dont les technologies permettront aux différents métiers de mieux servir leurs clients demain, voire de faire muter l’activité et sa chaine de valeur.

Cette mutation est durable, structurante et inévitable. Aussi et d’abord culturelle, elle nécessite de l’exemplarité et de la constance pour se « débarrasser » d’habitudes ou de représentations qui n’ont plus lieu d’être.

Beaucoup de DSI s’y sont déjà engagées avec force. Les autres ouvrent des brèches pour pouvoir le faire. Alors autant l’anticiper et l’organiser, plutôt que de la subir.

Extrait et (très) librement traduit du site internet DILBERT ©

 Pourquoi cette mutation est-elle structurante et inévitable ? 

Ces évolutions sont, dans d’autres secteurs, déjà largement engagées. Elles arrivent et s’accélèrent aujourd’hui dans le logement social à la faveur de plusieurs facteurs :

1/ L’arrivée de nouveaux acteurs et technologies sur le marché, bousculant les habitudes et possibilités d’évolution du SI d’un organisme en remettant l’usage et les données au centre. La généralisation des produits saas, que les directions métiers peuvent directement s’acheter, en est le signe le plus manifeste.
On peut aussi noter la généralisation des applis mobiles, le déploiement de plateforme prestataire, l’arrivée d’outils dont le paramétrage est directement modifiable par l’utilisateur final (pour personnaliser les relances impayés par profil de locataire, par exemple) ou encore la montée en puissance des outils collaboratifs.

2/ L’affirmation des priorités stratégiques de groupe (dont sociétés de coordination), pour qui le digital est une priorité claire et dotée de moyens plus conséquents. Le groupe ou la SdC devient le lieu au sein duquel l’ambition SI peut se concrétiser.

3/ Des organisations qui s’horizontalisent à la faveur d’un renouvellement générationnel sans précédent. Les enjeux numériques sont partagés, voire maîtrisés, à tous les étages de l’organisation. Les organisations se libèrent, à des degrés divers, laissant plus de place à l’initiative de chacun et remettant ainsi le besoin métiers au centre.

4/ Des projets plus complexes, transverses et rapides à mener. Les projets qui duraient 12 ou 18 mois passant par des phases de paramétrage / test / formation / … avant que les premières réponses au besoin utilisateurs soient apportées, sont terminés. L’utilisateur veut de l’écoute, du concret et du rapide.
Dans le même temps, les besoins exprimés appellent des réponses qui touchent plusieurs process (le siège et la proximité ; le financier et la gestion ; …) et articulent plusieurs sujets : l’outil, le process métiers, la gouvernance de la donnée.
La réponse SI à cela est d’animer la transversalité, de soutenir les métiers dans l’expression  de leur besoin et de coconstruire la réponse applicative par des approches test&learn.

 Quelles évolutions suppose cette mutation ? 

Pour prendre ce virage, les évolutions à mener sont d’abord et avant tout organisationnelles et RH.

1/ Renouveler et diversifier ses compétences
Sur les sujets de valorisation de la donnée: poser une stratégie de gouvernance, construire les outils / process d’animation, exploiter au quotidien la donnée, …
Sur les sujets d’urbanisation de son SI: déployer et exploiter un ESB, construire et maitriser ses API, capitaliser sur les potentiels des digital workplaces ou des outils low-code/nocode sur étagères dans le cloud, etc.
Sur les sujets de facilitation et de communication: posture et méthode d’animation, capacité à reformuler et vulgariser, outil de restitution d’un livrable (facilitation graphique, modélisation de process, tutoriel vidéo, …),

Il s’agit là d’une montée en compétences forte, qui ne peut pas se faire que « sur le tas ». Elle nécessite de travailler les trajectoires d’évolution des collaborateurs en poste et de cibler le recrutement de profils spécifiques et de se donner les moyens de les attirer en travaillant la marque employeur.
Elle passe aussi par une plus grande ouverture à l’extérieur : club local de DSI, échange de pratiques entre pairs, club utilisateurs, … Ces espaces nous semblent importants pour accélérer votre montée en compétence et celle du secteur.

2/ Repositionner la DSI au centre de l’organisation
Pour accomplir ses nouvelles missions, la DSI se doit de clarifier et rendre visible son positionnement dans l’organisation. Cela passe par exemple par :
Etre impliquée dans les décisions stratégiques de l’organisation, et pour nombre d’entre-elles, en être à l’initiative. La recherche d’un alignement du SI, du projet stratégique de l’entreprise jusqu’à sa déclinaison dans le socle technique, doit en effet être une priorité.
Incarner dans l’organisation la culture de la donnée, et donc de mettre cet enjeu en visibilité dans son organisation interne (un pôle ou une fonction dédiée, des instances de suivi, …) et dans l’ensemble des process métiers concernés.
Se recentrer sur des missions à haute-valeur ajoutée pour l’organisme, en externalisant les autres (hébergement, gestion du matériel, téléphonie, sollicitations de niveaux 1, …)
Assumer auprès des autres directions un rôle d’animation des fonctions SI dans l’organisme : revue de ticket mensuelle, revue de process semestrielle et animation du collectif de process owner, comité numérique trimestriel, … Et particulièrement soigner les postures et outils d’animation de ces rituels.

 Comment s’y prendre ? 

Il n’y a pas de recette miracle. L’essentiel nous semble :

1/ De sensibiliser et partager largement ces enjeux dans l’organisation – le cap doit être clair et partagé par tous et au plus haut niveau. Des moyens dédiés doivent être fléchés pour mener à bien cette transition.
2/ D’avancer vers ce cap avec volontarisme et réalisme… profitez de chaque opportunité pour mener concrètement cette transformation – un nouvel outil à déployer, un départ à la retraite, une fin de contrat, un projet de mutualisation, un plan de formation, etc.
3/ De cranter chaque évolution dans l’organisation, afin qu’un retour en arrière ne soit pas possible

Fondamentalement, cela suppose pour la DSI, il nous semble, une affirmation de ses priorités et de son positionnement, et une exemplarité / ténacité au quotidien dans son respect : dire non, questionner les priorités, poser des alternatives, … et essaimer ainsi autant de petits cailloux qui contribueront, progressivement, à construire la nouvelle maison de la DSI. Tout un programme.

Si le sujet de la transformation des systèmes d’information des bailleurs vous intéresse, nous allons prochainement lancer une association « club bailleur numérique » (nom provisoire !) autour du sujet. Il s’agit d’une association ouverte et indépendante et dont l’intention est :
Pour chacun d’entre-nous : poser un espace de dialogue neutre et bienveillant, dans lequel chacun peut sortir de sa posture professionnelle habituelle pour retrouver du souffle et de l’inspiration.
Pour le secteur : accélérer la transformation numérique des bailleurs sociaux en documentant précisément et en partageant largement les bonnes pratiques & réussites du secteur.

Faites-nous signe !

N’hésitez pas à nous contacter ! 

Pierre-Louis ROUSSEL
Directeur Général Délégué, Aatiko Conseils
pl.roussel@aatiko.fr
06 15 50 33 39

Gilles MAURIN
Directeur, Pramana Lyon

gilles.maurin@pramana.fr
06 76 95 70 57