Gestion en flux et cotation de la demande

DerriĂšre les grands chantiers de la refonte du tissu des organismes ou ceux non moins titanesques de la rĂ©novation urbaine qui transforment le parc social depuis plusieurs annĂ©es, il en est un plus silencieux, mais qui bouleverse lui aussi en profondeur les pratiques du secteur HLM. Avec les enjeux de mixitĂ© sociale et d’équitĂ© dans l’accĂšs au parc social, les mĂ©canismes d’attribution connaissent une vĂ©ritable rĂ©volution avec la mise en Ɠuvre Ă  venir de la cotation de la demande et de la gestion en flux, dont les dĂ©crets d’application sont parus respectivement le 17 dĂ©cembre 2019 et le 20 fĂ©vrier 2020.

Extrait et (trÚs) librement traduit du site internet DILBERT ©

 Avec la gestion en flux, toutes les parties prenantes ont à y gagner ! 

Pour les bailleurs, le passage d’une gestion en stock Ă  une gestion en flux entraine une obligation de rĂ©sultat, tout en lui apportant plus de souplesse pour Ă©quilibrer l’occupation sociale de son parc. Ce n’est pas juste une charge de travail supplĂ©mentaire que transfĂšrent les rĂ©servataires. S’il est possible que les bailleurs aient plus de volume Ă  traiter avec une gestion en flux, ils le feront plus rapidement – il n’y a pas d’aller-retour nĂ©cessaire sur les candidatures. Une gestion en flux dĂ©lĂ©guĂ©e bien calibrĂ©e pourrait leur faire gagner un temps considĂ©rable dans la relocation de leurs logements.

Les demandeurs des rĂ©servataires pourront avoir des propositions davantage en adĂ©quation avec les caractĂ©ristiques de leurs demandes, ces propositions porteront sur l’ensemble du parc social, et non plus sur la partie rĂ©servĂ©e.

Les rĂ©servataires pour leur part passent d’une posture de gestionnaire – prĂ©sentant des demandes au fil de la libĂ©ration des lots rĂ©servĂ©s – Ă  une posture plus pro-active de pilote, en charge du suivi des objectifs d’attributions sur leur contingent. Si la gestion en flux n’est pas dĂ©lĂ©guĂ©e, les rĂ©servataires devront continuer Ă  transmettre des dossiers aux bailleurs, et ce au fil de l’eau, mais dans tous les cas, les rĂ©servataires devront acquĂ©rir les compĂ©tences nĂ©cessaires au pilotage et au suivi de leur contingent.

 Si le point d’arrivĂ©e est clair, le chemin pour y parvenir reste Ă  construire 

Convertir du stock en flux annuels nĂ©cessite de dĂ©terminer des objectifs, qui devront ĂȘtre fixĂ©s Ă  partir du nombre de logements rĂ©servĂ©s inscrits dans les conventions. Mais les Ă©carts entre les baux signĂ©s par rĂ©servataires, les lots libĂ©rĂ©s, et les lots rĂ©servĂ©s dans les conventions peuvent aujourd’hui varier du simple au double : comment s’organiser pour dĂ©finir les modalitĂ©s de rĂ©servations en flux Ă  inscrire dans les conventions ? AprĂšs celles de l’Etat, les conventions de rĂ©servation avec les autres rĂ©servataires devront ĂȘtre Ă©laborĂ©es concomitamment. En tant que chef de file de la politique locale de gestion de la demande et des attributions, les Etablissements Publics de CoopĂ©ration Intercommunale (EPCI) auront un rĂŽle central Ă  jouer pour organiser les nĂ©gociations entre bailleurs et rĂ©servataires. 

Ensuite, comment s’organiser pour respecter les futurs objectifs ? Un bilan annuel de l’annĂ©e N-1 devra ĂȘtre prĂ©sentĂ© par les bailleurs aux rĂ©servataires avant le 28 fĂ©vrier de chaque annĂ©e. La relation de confiance qui prĂ©vaut entre nombre de bailleurs et de rĂ©servataires ne pose pas moins la question du suivi de ces objectifs : se base-t-on sur le dĂ©claratif des bailleurs ? Est-il pertinent d’utiliser un outil dĂ©diĂ© comme tiers de confiance entre tous les acteurs de l’attribution du territoire ? Si oui, quel outil ? Et comment le financer ?

À la libĂ©ration d’un logement, le bailleur devra pouvoir lui attribuer une destination en fonction de ses objectifs d’attributions. Les bailleurs ont tout intĂ©rĂȘt Ă  dĂ©finir des processus clairs pour statuer sur la destination du lot Ă  sa libĂ©ration, au risque de devoir arbitrer au coup par coup des microdĂ©cisions -et de perdre du temps- ou de voir persister un fonctionnement en stock masqué : un lot historiquement rĂ©servĂ© Ă  tel rĂ©servataire continuera Ă  ĂȘtre proposĂ© Ă  des demandeurs de ce contingent, au risque de perdre toute la flexibilitĂ© offerte par la gestion en flux. La gestion en flux ne sera alors plus qu’un transfert de charge de travail, celle du rapprochement offre-demande.

C’est lĂ  qu’un systĂšme de cotation de la demande, paramĂ©trĂ© chez le bailleur pour prendre en compte les objectifs d’attribution par rĂ©servataire et les critĂšres par EPCI, prend tout son sens et apporte une vraie valeur ajoutĂ©e dans le processus d’attribution : c’est que les termes de l’équation seront nombreux, et qu’il faudra les restituer de maniĂšre claire !

La construction de la grille de cotation revient en effet aux EPCI. Si la Loi ELAN et son dĂ©cret d’application fixent un cadre Ă  la construction de la grille de cotation, les parties prenantes pourront l’ajuster pour prendre en compte la situation de peuplement du parc social. Parce qu’elle concerne directement l’installation de population sur le territoire inter-communal, cette dĂ©marche est Ă  la fois sensible et stratĂ©gique pour les Ă©lus locaux, qui ne manqueront pas de s’y investir. C’est alors qu’il faudra faire preuve de pĂ©dagogie et d’écoute pour concilier leurs attentes et celles du cadre rĂ©glementaire.

La cotation de la demande est une garantie d’équitĂ© pour le demandeur dans la juste instruction de sa demande, et donc un argument de plus pour faire valoir l’impartialitĂ© des parties prenantes de l’attribution. Les critĂšres et surtout les pondĂ©rations pourront varier d’un territoire Ă  un autre. Dans les territoires dĂ©tendus, sa valeur ajoutĂ©e est moins Ă©vidente. Tout l’enjeu sera de rĂ©pondre Ă  l’obligation rĂ©glementaire de maniĂšre pragmatique, sans construire d’usine Ă  gaz. Dans ces territoires dĂ©tendus, la grille de cotation devra tenir compte de la raretĂ© des candidats et de la fragilitĂ© de certains dossiers historiques dans le stock.

Pour certains territoires, elle pourra Ă©ventuellement constituer la premiĂšre brique pour la mise en place d’un systĂšme de location choisie, Ă  mĂȘme de redynamiser les processus commerciaux des bailleurs, et de faire concurrence aux plateformes de locations privĂ©es : l’offre sera plus visible, et le demandeur plus acteur de sa recherche.

Mais Ă  court terme, la difficultĂ© pour un bailleur sera d’intĂ©grer les grilles de cotation de chaque EPCI dans son processus d’attribution, en prenant en compte ses objectifs annuels vis-Ă -vis de ses rĂ©servataires, et ceux de l’Etat par rapport Ă  la Loi EgalitĂ© et Citoyenne. D’oĂč l’intĂ©rĂȘt de disposer d’un outil de pilotage et de suivi.

 2021 c’est maintenant ! 

Les Ă©chĂ©ances rĂ©glementaires Ă©tant fixĂ©es pour l’annĂ©e 2021 [1], les dĂ©marches pour y parvenir doivent ĂȘtre amorcĂ©es en 2020. Pour aborder ces enjeux en toute sĂ©rĂ©nitĂ©, nous mettons Ă  votre service toute notre expĂ©rience auprĂšs des acteurs du logement social – tant auprĂšs des bailleurs que des EPCI- et notre expertise sur la gestion de la demande et des attributions de logements sociaux.

Nous proposerons un accompagnement adaptĂ© Ă  votre avancement sur ces sujets et Ă  vos enjeux, au travers d’une dĂ©marche pragmatique et sur-mesure.
Ensemble, faisons en sorte que ce changement de dĂ©cennie puisse ĂȘtre le dĂ©but d’une nouvelle dynamique pour l’attribution des logements sociaux, vers plus d’équitĂ©, plus de transparence et plus d’efficacité !

Nous sommes Ă  votre Ă©coute,

Olivier Carillo
Consultant

06 19 83 21 11
o.carillo@aatiko.fr

[1] 1er septembre 2021 pour la cotation de la demande, 24 novembre 2021 pour la gestion en flux.